Certains font remonter la création de l’éventail aux cavernes des premiers hommes. Il fallait s’aérer dans ces milieux clos. C’est fort possible mais nous n’en avons aucune preuve. Les gravures rupestres n’en font pas état. En revanche, l’art est témoin de cette invention astucieuse dès la Haute Egypte. Les pharaons avaient coutume d’être éventés par des esclaves au moyen de « flabellum ». Les parois et le contenu des tombeaux de Thèbes en attestent. Plusieurs de ces éventails ont été retrouvés dans la tombe de Toutankhamon. Les plumes d’autruche dont ils étaient pourvus ont bien sûr disparu. On retrouve ces demi-cercle chez les Assyriens et chez les Perses.
Dans ces civilisations, leur destination n’était pas seulement pratique, elle était aussi symbolique et religieuse. Les éventails figuraient en bonne place dans les cultes et les cérémonies. Ils avaient pour fonction d’éloigner les mauvais esprits. Ils incarnaient également le pouvoir et, dans l’au-delà, permettaient aux morts de respirer à nouveau. Les Anciens croyaient en effet à la vie après la mort et la coutume était d’offrir aux personnes décédées tout ce qui leur fallait pour continuer à vivre loin des yeux des hommes. La matière utilisée pour les tombeaux des pharaons était souvent l’or. Ce métal précieux était naturellement associé à ces instruments synonymes de vie et de lumière.
L’éventail était également présent à des dates reculées en Inde et en Chine. Ces pays avaient bien vu la relation qui existait entre le vent et l’aile de l’oiseau. Les mots utilisés pour désigner ces outils étaient en effet très proches des noms d’« aile » ou « plume d’oiseau ». La Chine a fabriqué des éventails bien avant l’ère chrétienne. C’est la dynastie des Han, deux siècles avant J.C., qui a vu se multiplier ces objets. Ils étaient utilisés dans tous les milieux sociaux. D’abord constitués de plumes d’oiseaux, la matière a vite varié. L’ivoire, la soie, le bois de santal et les peintures qui les ornaient les ont transformés en objets d’art. Le Japon les a également introduits très rapidement dans sa civilisation.
Impossible d’imaginer aujourd’hui une geisha, si représentative de la tradition japonaise, sans cet accessoire indispensable à sa beauté et à son raffinement. Mais l’éventail est un objet universel. L’Europe elle-même l’a utilisé en abondance et ce, à toutes les dates de son histoire. Dès 600 avant notre ère, on constate la présence d’éventails sur des vases grecs retrouvés par les fouilles archéologiques. L’emploi de cet objet, comme œuvre d’art et symbole de civilisation, a été largement élargi après les voyages en Extrême-Orient des aventuriers, moines et négociants occidentaux. Au XVIe, XVIIe siècle et XVIIIe siècle, en France et en Europe, tous les corps de métier participèrent à l’élaboration de ces objets de luxe. Les rois de France et leur cour comme les Médicis en Italie raffolaient des éventails.
La popularité des éventails s’est prolongée au fil du temps. Au XIXe siècle, Renoir, Pissarro, Gauguin ou les Nabis ont peint sur éventail. Au XXe siècle, L’Art Nouveau s’en est emparé. Il est devenu ensuite objet publicitaire, les prix ont baissé et les procédés de fabrication se sont simplifiés. Aujourd’hui, s‘il est moins répandu, il intéresse encore, surtout en Espagne. On ne peut se représenter une belle Andalouse sans son éventail. Les modes changent mais la Haute Couture en France et les créateurs contemporains peuvent faire espérer une renaissance de ce bel objet.
Photos : Pinterest et le Cercle de l’Éventail (voir lien ci-dessous)
Pour en savoir plus :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Éventail
http://dona-rodrigue.eklablog.fr/histoire-de-l-eventail-chinois-a4555969
http://cercledeleventail.fr/histoire-de-leventail/les-creations-contemporaines/